Ces derniers jours, lire certains blogs m’a donné envie de me confier un peu par écrit.
Quel étrange mois que le mois d’Août. Comme tous les ans, je reviens de vacances et le reste du monde, le reste de mon monde, part à la mer, à la montagne, à l’étranger. Une impression de calme au travail alors que la charge est toujours aussi importante. Un mois vraiment particulier qui donne envie de s’évader lorsque l’on se retrouve assis le cul sur sa chaise à roulette pour gagner sa croûte.
C’est aussi un moment de l’année où j’ai du temps pour penser ce qui ne me rassure jamais vraiment. Je n’aime pas avoir trop de temps pour penser, je finis souvent par me poser des questions inutiles sur ma vie, mon travail, mes amis, ma famille, mon mari. Inutiles non pas parce que dénouées de sens, mais parce que sans réponses absolues.
Par contre, ce vieux fantasme revient systématiquement pendant le mois d’Août. Je le retrouve avec plaisir, tristesse et horreur à la fois, puisque comme tout fantasme qui se respecte, je ne le réalise pas. Parce que je pense que je ne peux pas. Parce que je pense que si je le réalise, il y aura des conséquences sur ma vie de tous les jours.
Un soir en sortant du travail, éteindre mon ordinateur. Monter dans ma voiture, démarrer, prendre la route pour mon domicile. Et puis, à un moment donné sur le trajet, prendre une sortie que je ne prends normalement pas. Rouler, rouler, le soleil, les fenêtres ouvertes, la musique et le vent. Rouler encore et atterrir dans un endroit secret, où personne ne me connaît. A la plage, ou à la campagne. Garer ma voiture, marcher un peu, m’asseoir et ne penser à rien, regarder. Sourire, trouver un endroit où m’endormir. Lire la journée entière, me laver nu dans une rivière, bronzer sans personne. Sans téléphone, coupé du monde mais pas trop, juste reculé. Ne plus penser qu’à trouver de quoi manger, passer du temps au soleil. Ne pas penser aux autres, ne pas penser aux contraintes, ne pas penser aux choses modernes, à la voiture, à la télévision, à internet, au travail, aux factures, à la rentabilité, à l’apparence.
Le fantasme que je retrouve avec plaisir parce que pendant quelques minutes, avant de revenir à la réalité, je m’évade un peu.
J’aimerais beaucoup faire ça, mais mon entourage ne comprendrait pas.
Ma famille penserait que je suis en train de faire une dépression nerveuse. Mon mari penserait que je ne l’aime plus si j’ai envie d’un moment sans personne, donc sans lui. Mes amis prendraient mal que je ne profite pas de mon temps libre pour ne pas les voir.
Alors que j’aime tous ces gens. Mais parfois, juste une petite bulle secrète d’égoisme.
Quand j’entends parler à la radio, hier, d’un prêtre qui est parti en randonnée VTT et qui a disparu, que les autorités parlent de disparition volontaire… Je peux comprendre cette envie. Je ne voudrais pas disparaître à tout jamais. Mais quelques jours. De temps en temps.
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